Ados et sexualité, leur en parler

Je vous partage aujourd’hui un article écrit il y a 4 ans pour la merveilleuse revue Rêve de Femmes.

J'ai dû, sur mon chemin, guérir quelques souvenirs concernant ma sexualité de jeune fille. J'ai appris à me réconcilier avec mon corps, lui donnant ainsi la permission d'être libre et de communiquer avec mon cœur. En échangeant sur le sujet avec d'autres femmes, je me suis rendue compte que nous étions nombreuses dans ce cas-là. Certaines vous diront que nous manquions d'informations, d'autres de transmission, de liberté.

Oui...mais aussi de joie, de beauté et de sacré.

Aujourd'hui, je suis maman de 3 filles dont 2 ados, nous parlons ensemble ouvertement de sexualité.

Je suis heureuse que mes filles se sentent libres de me poser des questions sur ce thème, même si je sais que je n'ai pas accès à toutes les questions qu'elles se posent. C'est leur jardin secret. Non pas comme un jardin à la française mais plutôt comme un jardin d'Eden luxuriant, sauvage et mystérieux.

Leur curiosité exprimée est fragile, une barrière peut être la peur d'être ridicule en partageant avec des personnes « expérimentées ». Il y a aussi le sentiment d'être acceptée et aimée sans être jugée ni comparée à d'autres surtout dans leurs amours. Sans se prendre au sérieux, le sujet est important. L'humour aide beaucoup à faire passer les messages, à démystifier et à dédramatiser.

Quelque soit la question que mes ados me posent, j'ai toujours envie de leur répondre que la sexualité est un cadeau précieux que l'on se fait à soi tout d'abord. C'est une façon de se sentir beau dans son ventre, et aussi sous la peau...

Au collège, ils parlent de viol, de maladies, de grossesses non désirées, de prostitution. Les adultes parleront au mieux d'érection et de pénétration mais très peu oseront l'exploration du clitoris et d'autres sources de plaisir. Notre devoir de femme est de sortir du discours où l'essentiel est de se protéger, dépasser les conseils hygiéniques, et enfin colorer leur paysage affectif et sexuel de poésie, de sensualité, de tendresse et d'ouverture de cœur. Car un cœur blessé peut aussi paralyser la sexualité, provoquer impuissance et frigidité.

La vulgarité est au détour de tous leurs échanges, « bombasse », « niquer », « bite »...pas besoin de continuer, rien que de les écrire, tous ces mots me provoquent un mal-être. Ramener de la douceur dans la façon de parler de leur corps et de celui des autres est une urgence. L'adolescence est un moment charnière, en tension et souvent fragile où sous la carapace le défi est de se construire et trouver une identité au milieu des autres. Il est important de ne pas les laisser dans l'ignorance, aussi bien les jeunes filles que les hommes en devenir, car les découvertes au hasard d'un magazine ou d'une page web peuvent donner une direction désastreuse. Les pulsions sexuelles sont stimulées par notre regard puis par nos pensées et aussi nos rêves. Alors, sans contrôler ou conditionner leur regard, on peut les accompagner en proposant des lectures, des films magnifiques et aussi en partageant notre compréhension.

La masturbation s'intensifie souvent à cette période, elle va de pair avec cette découverte de soi. Un manque de confiance en soi, un manque d'affection et trop de solitude, d'isolement la rendront trop présente. Je ne parle pas de fréquence raisonnable mais bien d'une place qu'elle prendra dans leur sexualité au détriment d'un goût de l'autre.

La sexualité n'est pas épargnée par les phénomènes de mode tout comme les normes éducatives, l'alimentation et c'est bien dommage car elle est atemporelle et vivante, vibrante, sans corset pour la maintenir, elle se développe, s'épanouit, se bâtit. Elle observe, essaie, goûte, teste...Nous avons un rôle d'éveilleur de conscience, d'apporter notre connaissance, peu importe où nous en sommes.

Que voulons-nous ?

Que nos ados soient épanouis.

La crainte ou le dégoût peuvent bloquer leur sexualité dans son envol.

En ce qui concerne le corps, qu'en est-il du Kama Sutra, appelé aussi Bible de la sexualité ?

La sexualité commence dans la tête et dans le cœur. C'est une source de bonheur. Terre imaginaire, espace de jeu sensuel où nous mêmes explorons notre corps par le contact de l'autre, dans les miroirs de ses regards. Une succession de postures ne permettra pas aux corps de rentrer en résonance et de vivre une sorte de transe pour arriver plus haut, ensemble. La recherche de cette souplesse tend finalement les corps où il s'agit plutôt qu'ils s'abandonnent pour parvenir à quelque chose de plus subtil. Ce n'est pas pour rien qu'au partage de la jouissance, on pense 7ème ciel en s'écriant “Oh ! Mon Dieu !”

Une expérience douce, émouvante où sentiments, émotions et sensualité se rencontrent.

C'est un espace de respect de sa propre intimité et de celle de l'autre, de patience, de l'abandon en confiance à l'autre.

Quelque soit ma réponse, j'aime garder à l'esprit aussi que la véritable liberté sexuelle n'est pas de coucher avec n'importe qui. La véritable liberté, c'est de réaliser avec son ou sa partenaire son propre rêve d'amour. Le risque est de faire l'amour comme on fait autre chose et de passer véritablement à côté de ces liens précieux qui se tissent entre deux corps qui s'aiment.

La sexualité humaine est belle et sacrée, force d'union et douceur, assurance et élégance, charme et plaisir. Nous sommes plus que des mammifères, notre intention principale, depuis un siècle, n'est plus de procréer pour sauver l'espèce.

La complicité des esprits, l'intimité des cœurs, la symphonie des corps. C'est la quête de cette alchimie que nous devons transmettre. Évidemment l'expérience ne se transmet pas, mais les valeurs oui, et le sacré aussi. 

Précédent
Précédent

Lectures de l’été

Suivant
Suivant

Quels sacrifices es-tu prête à faire ?